Panthéon piège à cons!

On voudrait transférer Charb au Panthéon.

Il représenterait parfaitement les valeurs de la République et « inscrirait ainsi dans le marbre les valeurs de liberté d’expression » selon l’actuel directeur de « Charlie-Hebdo », Riss.

On passera sur le fait que Charb causait déjà pas mal de son vivant (parce que mort il en causait moins, c’est vrai) de son attrait pour le Père Lachaise, ni du fait que de savoir qu’on lui a remis la Légion d’Honneur (à titre posthume) l’aurait au mieux amusé, au pire révolté, le voilà maintenant possiblement trimbalé comme un vulgaire meuble dans un autre coin dont il se serait bien royalement foutu.

Autant je peux comprendre ce désir épidermique partagé par sa famille, autant je ne peux imaginer les arguments avancés par celles et ceux qui l’ont côtoyé  si longtemps au quotidien,  partageant ses coups de coeur, ses coups de gueule et ses combats.

« Quelle que soit l’issue de cette demande, l’intérêt est aussi d’entretenir, de réveiller la réflexion autour des valeurs de Charb et du journal »( dixit Riss). Je suis le seul à trouver que cette phrase pue ?

Je ne peux imaginer que ce « désir » de l’actuelle direction de « Charlie-Hebdo » ne soit principalement animé par la puérile et méprisante envie de relancer un peu le blase de « Charlie-Hebdo » dans les médias et de se servir du corps de mon ami comme d’une estrade pour haranguer la foule à se ruer en kiosque.

Face à la petitesse, à la lâcheté, à l’hypocrisie, à l’arrogance ou encore l’arrivisme, la bêtise ambiante actuelle doit-on aller pour autant creuser la tombe de celles et ceux qui vivaient droit pour les planter en place publique comme exemple à suivre ?

Si oui, des noms, alors j’en ai !

J’en ai des caisse des noms !

Il me semble particulièrement dommage et très affligeant que la direction actuelle de « Charlie-Hebdo » semble les ignorer.

A une autre époque, peut-être aurait-il été plus pertinent encore de découper le corps de Charb en petits morceaux pour organiser un lucratif marché de reliques et d’en bâtir autour un culte pouet-pouet à la gloire d’un « Charlie-Hebdo » que le martyre ainsi érigé ne reconnaîtrait même plus.

Je me souviens malheureusement, il ya 10 ans, même assommé sous une tonne de Xanax© qui me mettait bien dans le pâté, alors encore accepté au sein de la rédaction dudit journal, face aux initiatives d’une nouvelle direction émergente je ne pouvais m’empêcher de psalmodier « Charb n’aurait pas aimé ça », « Charb n’aurait jamais accepté ça », ce à quoi, inlassablement, de façon de plus en plus véhémente on me répondait sans ménagement « oui mais Charb est mort ! T’as compris? Il est mort ! ».

Quel soupçon de légitimité peut avoir Riss a demandé la panthéonisation de Charb ?

La légitimité, je ne la vois pas.

L’intérêt misérable, lui, j’ai bien peur de le voir et ça me fout les nerfs autant que la nausée.

Que sa famille demande le transfert de l’être aimé dans ce monument de mémoire, ça je peux le comprendre.

Qui ne voudrait pas après avoir si cruellement vu disparaitre un être cher en perpétuer à jamais le souvenir en le rendant ainsi immortel ?

Qu’un journal qui n’a plus de « Charlie-Hebdo » que le nom, sans même juger si c’est pour le meilleur ou pour le pire, tout comme déjà du temps de Charb « Charlie-Hebdo » n’avait plus rien à voir avec le « Charlie-Hebdo » du Professeur Choron , demande quoique ce soit concernant le corps froid ou la mémoire de Charb est proprement minable.

Charb avait une conscience. Une conscience politique, une conscience de classe, une conscience morale.

Le meilleur hommage à lui rendre aurait été de suivre sa voix et de faire perdurer sa mémoire en continuant son journal comme il aurait pu le faire.

Charb détestait les donneurs de leçons qui, bien souvent, ne se les applique même pas à eux-mêmes.

Charb n’était pas un grand fan des religions, ce n’est pas un secret.

Sans même s’en rendre compte (je lui laisse cette politesse), ce que voudrait Riss c’est de faire de Charb un prophète.

Mais ce n’est pas aux marchands du Temple de décider.